Il y a quelques semaines, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE) organisait une conférence pour présenter le tout dernier livre blanc sur le stationnement à Montréal. L’objectif de cette étude est de proposer des réformes du stationnement qui peuvent être le ciment d’un nouveau pacte de la mobilité des personnes plus efficace, équitable et écologique. L’autopartage y est présenté comme une des pistes de solution.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de mettre en contexte les liens entre le stationnement et l’autopartage.
Le stationnement est un enjeu de taille dans les grandes villes, et Montréal ne fait pas exception. Avec 27% de la voirie occupée par le stationnement sur rue, soit une aire de plus de 7km² de la surface, chaqu’une des 450 000 cases de stationnement entraîne des coûts d’au moins 1 275$ par année aux contribuables, y compris ceux qui ne possèdent pas d’auto. Le stationnement hors rue occupe quant à lui 15,3 km², soit un peu moins que la superficie totale de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie (15,9 km²), pour un minimum de 470 000 places.
Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que le stationnement qui ne sert qu’à accueillir des voitures, en particulier l’auto solo, coûte cher à la société. Une étude réalisée à Vancouver estime que 1$ investi par les usagers de l’auto solo représente 9,20$ en coût social.
Les enjeux de stationnement créent donc un enchaînement de problématiques, empreintes d’iniquités, où l’usage de la voiture renforce un aménagement qui lui est favorable et qui augmente de facto la dépendance à la voiture.
C’est pourquoi, jouant un rôle stratégique dans la mobilité, le stationnement est un outil central pour améliorer entre autres la qualité des milieux de vie, augmenter l’offre de transport collectif, actif et partagé et participer au redressement des finances publiques.
Ainsi la réflexion autour du rôle de l’autopartage réside sur la façon de repenser et d’optimiser les espaces de stationnement, pour offrir des alternatives variées et attractives de déplacement à l’auto solo.
« L’expansion des services d’autopartage représente une solution aux enjeux économiques, environnementaux et d’espace public relié à l’automobile. » p.26
- « En somme, une voiture en autopartage permet de remplacer 10 voitures personnelles. » p.26 Cela est amplifié par le fait qu’un véhicule partagé est en service 43% du temps alors qu’un véhicule personnel ne l’est que 5% du temps. Ainsi l’utilisation de l’autopartage participe à la réduction de l’utilisation de l’auto solo et contribue à la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la pollution.
- « L’autopartage est aussi une clé du succès de l’électrification des transports » p.26 En effet, 65% de notre flotte est hybride ou électrique. Un point essentiel qui accroît l’impact positif du partage sur notre environnement. Partager un véhicule c’est aussi partager l’empreinte carbone sur un plus grand nombre d’utilisateurs et participer à l’atteinte de la carboneutralité.
- « La tarification à l’usage encourage une meilleure planification des coûts des déplacements et un usage plus raisonné de la voiture. » p.26 L’autopartage permet de libérer les ménages du fardeau financier lié à l’achat d’un véhicule tout en étant capable d’assumer leurs déplacements ponctuels.
- L’autopartage est une solution de mobilité complémentaire aux autres moyens de transport collectifs, actifs et partagés. Chez Communauto, nous mettons un point d’honneur à collaborer avec les différents acteurs de la mobilité afin d’encourage leur utilisation et mettre de l’avant une mobilité plus soucieuse de l’environnement.
« Malgré les bénéfices très importants de l’autopartage, l’accès aux stationnements et aux infrastructures de recharge reste semé d’embûches pour les opérateurs de services. » p.26
L’un des enjeux majeurs de la mise en service des voitures en autopartage est de trouver des places de stationnement. Le déploiement de l’autopartage passe par « un processus complexe et non uniforme auprès des arrondissements et des propriétaires privés ». Les bénéfices présentés plus haut expliquent la nécessité pour les décideurs de faciliter et encourager le développement de l’autopartage. Dans ce sens, Le Livre blanc sur le stationnement émet des recommandations :
- « Permettre un déploiement massif de l’autopartage électrique en facilitant son accès au stationnement et au réseau de recharge. » p.29
- « Allouer de l’espace de voirie pour le transport actif, collectif et partagé. Selon le contexte local, cela peut inclure l’ajout de voies réservées pour bus, l’ajout d’infrastructures pour cyclistes, des zones pour véhicules en autopartage ou l’élargissement des trottoirs. » p.32
- « Alimenter le Plan d’urbanisme et de mobilité afin d’y prévoir des mesures favorables au développement de l’autopartage à Montréal. » p.53
- « Rendre l’autopartage accessible et avantageux aux usagers et augmenter l’attractivité de Montréal pour les compagnies d’autopartage » p.53
En conclusion, outre les avantages économiques et bénéfices environnementaux qu’apporte l’autopartage, il doit faire partie des solutions dans le nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM). Car le développement de l’autopartage repose en partie sur des espaces alloués pour nos véhicules. Et c’est pourquoi, il faut repenser le stationnement pour favoriser des solutions de déplacements durables et proposer une offre de mobilité attrayante afin d’encourager les citoyens à délaisser l’auto solo et pour laisser place à des aménagements plus durables et collectifs : espaces verts, rue piétonne, centre culturel et plus encore.